Je suis une enseignante. Les débuts d’année, c’est excitant : j’ai toujours hâte de rencontrer mes nouveaux élèves tout neufs ! Plus qu’enseigner, c’est de créer des liens avec mes élèves qui m’intéresse dans mon métier. J’aime profondément les ados, ces petites bêtes bien spéciales, mais combien attachantes ! Rencontrer un nouveau groupe, c’est comme ouvrir une boîte de chocolat : tu ne sais jamais sur quoi tu vas tomber, mais tu sais que ça va être bon ! J’aime connaître mes élèves, savoir qui ils sont, d’où ils viennent, leurs passions, leurs intérêts, etc. C’est pourquoi en début d’année, je les invite à écrire un court texte dans lequel ils se présentent.
Et à la lecture de ces textes, j’apprends que tel élève arrive de Montréal, que tel autre vient de quitter Drummondville ou encore Trois-Rivières, et ce, pour toutes sortes de raisons. Il me vient alors immanquablement cette réflexion en tête : «Oh mon Dieu ! Quel choc ! Il doit trouver son école bien petite, son village minuscule. Il doit s’ennuyer de l’action de la grande ville et se demander ce qu’il fait ici, à … (vous pouvez ici nommer le village de votre choix de notre MRC!) ». Eh bien, finies les spéculations! Je suis allée directement aux sources et j’ai demandé à Nathan, fraîchement arrivé de Montréal, ce qu’il pensait de sa nouvelle vie à Saint-Léonard d’Aston, dans le rang qui porte le nom de ses aïeux.
Nathan a 12 ans et il a fait son entrée au secondaire en septembre. Il a quitté son école et ses amis de Montréal pour suivre maman qui rêvait d’un retour dans son village natal et par le fait même, garder le patrimoine dans la famille en poursuivant l’exploitation de la ferme. «Alors Nathan, tu t’ennuies ici, à la campagne ?» ai-je osé à la fin d’un cours. «Non ! Il y a plein de choses à faire, surtout avec le travail sur la ferme. Et même quand je venais ici en visite, je me sentais chez moi, plus dans ma zone.» Lorsque je demande à Pascale, sa mère, ce qu’elle aime de notre région, elle évoque sans hésiter les rapports humains plus simples, plus conviviaux, le sentiment d’appartenance qu’apporte la communauté. De son côté, Nathan apprécie la liberté, l’espace et le silence de la campagne. Il trouve ses amis un peu loin, mais il ne retournerait plus à Montréal. Il se sent mieux ici où il y a une partie de sa famille, les animaux, les grands espaces, l’air pur. Il a troqué les escapades en métro pour les randonnées en vélo. Nul doute que ce retour aux sources lui plait; Nathan semble un garçon heureux, épanoui.
C’est réglé : j’arrête de m’en faire! Quitter la ville pour la campagne, c’est tout sauf ennuyeux! Surtout quand ce grand saut est une réponse à l’appel du terroir, un retour à l’essentiel : la terre et nos racines. En septembre prochain, la question posée à un élève de la ville pourrait bien être : «Alors? Tu t’ennuyais en ville ?» car n’avons-nous pas le plus grand des terrains de jeux, juste ici, dans nos campagnes?